Réalisé d’après les synthèses de :
Centre Régional de la propriété forestière Fédération Régionale des Trufficulteurs du Languedoc Roussillon. Photos : Philippe Barrière et Fédération Française des Trufficulteurs.

Préambule.
Vous êtes propriétaires de terrains sur un sol calcaire (argilo-calcaire, sable …) la truffe noire « tuber melanosporum » (récolte de décembre à mars) ou la truffe d’été « tuber aestivum » (récolte de mai à juillet) champignon à fructification souterraine associé à un arbre peut vous permettre de valoriser ces parcelles.

Tuber Melanosporum	Tuber Aestivum

Avant la plantation

Choix du terrain dans l’Aude
La truffe ne se rencontre que sur des terrains :
- Calcaires (procéder à une analyse de terre).
- A bonne activité biologique (vers de terres, fourmis…) et microbienne.
- Dont le sol est bien aéré, bien drainé, sans excès d’eau.
- Ensoleillés et se réchauffant rapidement.
- Précédemment cultivés ou après avoir effectué des travaux spécifiques sur les parcelles à l’abandon.

Une culture antérieure de céréales ou/et maraîchère limite les risques de contamination par d’autres champignons. La vigne est aussi un bon précédent.
Pour les parcelles déjà boisées en chênes, (qui produisaient dans le passé) on parle de « rénovation ou réhabilitation » on nettoie, on éclaircit, on supprime des arbres tout en conservant les jeunes sujets. il est alors possible d’insérer des jeunes plants dans une partie boisée et de les soigner comme dans une plantation.

Préparation du terrain
Un labour classique à 20 cm de profondeur suivi d’un hersage permettent d’ameublir le sol.
Labourer n’est pas défoncer : il convient de laisser en surface la terre arable. Ce labour peut être remplacé par un rippage. Après arrachage de vigne, le labour peut être inutile, après passage du ripper.
- Curer les fossés pour l’évacuation rapide des excès d’eau.
- Prévoir la proximité d’un point d’eau.
Etudes en cours sur l’arrosage ou l’irrigation.
L’eau est primordiale pour la reprise des jeunes plants.
Par la suite il conviendra de gérer l’eau par rapport à la production. (régularité et intensité)

Choix des plants
- choisir une espèce adaptée au sol et à la région : le chêne vert est sensible aux fortes gelées, le chêne pubescent est résistant, le noisetier supporte mal la sécheresse et le vent.
D’autres essences : chêne Kermès, tilleul, pin noir.
Les essences situées dans le voisinage de la parcelle donnent une indication.
- Utiliser des plants mycorhizés (associant champignon et arbre) âgés de 1 an si possible, 2 ans maximum.
Il est conseillé de se les procurer auprès des pépiniéristes régionaux, dont les plants sont contrôlés.

(chêne kermès, chênes verts, chênes pubescents).

Réalisation de la plantation
Elle s’effectue à la pioche de mi-novembre à mi-avril ; une plantation tardive demande plus d’eau.
Les parois du trou seront « griffées » pour établir une continuité. Garnir le trou avec de la terre fine de surface. Ne pas trop tasser la terre autour du plant, mais supprimer les poches d’air. (arrosage). Les plantations réalisées en automne donnent de bons résultats pour la reprise.

Arrosage
Les apports d’eau ont pour but de favoriser :
- La reprise des jeunes plants (sans excès).
- Le maintien et le développement des mycorhizes.
- Les conditions de fraîcheur nécessaires à l’habitat de la faune.
- Les deux premières années, le pied de l’arbre doit rester frais.

Coût de la plantation
Les travaux préparatoires.
Les plants.
L’irrigation.
Les protections.
De l’ordre de 6000 HT euros à l’hectare (variable avec les poste irrigation et protections) pouvant bénéficier d’une subvention à hauteur de 40 % par le Conseil Régional (parcelles supérieures à 30 ares et inférieures à 4 ha) et de 50 % par le Conseil Général (parcelles inférieures à 30 ares). Voir le document « dossier d’aide à la plantation ».

Après la plantation

Soins aux arbres
Protéger les plants contre les lapins, lièvres, chevreuils..  Si sanglier, prévoir clôture.
Entretien au pied de l’arbre : biner superficiellement le pied de l’arbre pour éviter la concurrence de l’herbe. Un pierrage avec des pierres plates autour de l’arbre peut être aussi une solution. Il existe aussi des plaques de paillage biodégradables pour les premières années (limite l’herbe, conserve l’humidité.

Une taille légère élimine les fourches ou les branches latérales trop vigoureuses à partir de la 3^e année.

Entretien de la parcelle
Jusqu’à l’apparition des premiers brûlés, travailler superficiellement en vue d’aérer la couche de surface. Entre les lignes de plantation, passer avec un appareil à dent. Eviter de tasser le sol avec un tracteur lourd et intervenir sur un sol parfaitement ressuyé. Ce griffonnage peut être remplacé par un gyrobroyage, notamment dans le cas des sols sensibles à l’érosion ou au tassement. Le sol ne doit pas être parfaitement propre : les herbes sont utiles pour l’installation de la faune.

En production

Taille des arbres Selon les choix de conduite et la vigueur des arbres, on peut adapter un système de taille pour éviter la fermeture du milieu. Entretien du sol Quand la truffière produit, il est préférable de ne pas changer la technique d’entretien mais conserver les systèmes existants (labour ou enherbement) Un griffage superficiel fin mars début avril, en sol ressuyé, permet d’aérer le sol et de maintenir la végétation naturelle. Le contrôle de l’herbe peut être réalisé par fauchage ou gyrobroyage Paillage Il a pour but de favoriser le maintien de l’humidité et la protection de la faune Il peut être réalisé avec : des sacs de toile remplis de paille, des fagots de sarments, des plaques végétales vendues dans le commerce …

Gestion de l’eau
Dans le cas d’une parcelle en production, il est possible d’installer une irrigation, ou un apport d’eau en sachant que cette truffe noire a un pouvoir de résistance important face à la sécheresse. Un excès d’irrigation peut faire disparaître la production. Selon l’âge de la truffière, la pratique de l’irrigation sera différente. Les apports d’eau doivent être raisonnés en fonction de la période et du cycle de la truffe (avril à octobre), en tenant compte de la pluviométrie annuelle.
Pour favoriser la naissance des truffes au printemps, il faut s’assurer que le sous-sol a rétabli sa réserve en eau. Si ce n’est le cas, il convient d’irriguer tôt (fin mars, début avril) pour obtenir l’humectation du sous-sol. (sol drainant) En effet, il paraît idéal que l’humectation des couches superficielles, où se trouvent les truffes, se fasse par remontée capillaire.
Pour favoriser le développement de la truffe, le terrain doit rester frais en profondeur (appréciation manuelle sur prélèvement entre 15 et 20 cm).
Les quantités d’eau à apporter doivent tenir compte de la réserve utile du sol.
- En sol à faible réserve d’eau (sableux ou caillouteux) prévoir plusieurs petits apports, les besoins importants sont en prévoir en juillet / août.
- Dans les sols à grande réserve d’eau, si le milieu est drainant et à forte activité biologique, on peut accroître les doses en diminuant la fréquence des apports.
- En fin d’irrigation, l’eau ne doit jamais ruisseler en surface. Elle doit rapidement s’infiltrer en profondeur, laissant la couche de surface ressuyée.

Dressage du chien
Il n’y a pas de races prédestinées à la recherche. On peut privilégier les chiens de petite taille, (les petites pattes abîment moins les truffes). L’aptitude à truffer s’acquiert et l’hérédité n’entre pas en jeu. On peut acheter un chien déjà dressé, avec l’inconvénient du prix et du changement de maître. On peut dresser son chien : c’est un jeu pour le chien. Mais il faut du temps et de la patience. Prendre un chien le plus jeune possible. (après sevrage) Un chien cherche des truffes pour la récompense. La truffe (protégée dans une chaussette) remplace une balle. Le chien rapporte et est récompensé (petit bout de fromage) Les exercices (assez brefs) sont répétés chaque jour. Après la phase de recherche visuelle, c’est la phase de recherche par l’odorat. La truffe est cachée en surface derrière un obstacle, et le chien va la rechercher.
Utiliser le même ordre : « cherche » ou « où est la truffe ? »..
Féliciter et récompenser.
A partir d’un mois de ces jeux, cacher la truffe sous des objets (feuilles, tapis, caissettes..) sans que le chien ne voit où on la cache. (il commence à utiliser ses pattes pour accéder à la truffe) Passer ensuite à la dernière étape : la truffe enterrée. Au début, peu profond, puis jusqu’à 5 cm. Enfin, enterrer plusieurs truffes en différents endroits. Rappel : ce dressage se fait sous forme de jeu Il faut féliciter et récompenser A l’issue de ces 2 mois de dressage, l’idéal est d’aller sur une truffière en production. Le féliciter et le récompenser copieusement à la première truffe trouvée en situation.

Commercialisation
- Voir la rubrique marchés.
- Il existe une norme « truffe fraîche ».

Conservation
La conservation des truffes fraîches est conseillée dans une atmosphère riche en CO². Ainsi les truffes fraîches saines peuvent durer 2 à 3 semaines (bac à légume du frigo) dans une boîte plastique hermétique (ou conserve en verre) avec un papier absorbant pour capturer la vapeur d’eau résultant de la transpiration des truffes.

Pour en savoir plus
Voir le dossier technique.
Consulter la bibliothèque.
Consulter la bibliographie (ouvrages ayant servi à ce dossier et autres).